Agence d’événementiel musical, Madriam propose plusieurs interventions dans les entreprises pour sensibiliser les salariés aux questions liées au handicap. Un moyen original d’aborder le sujet comme l’explique Pascale Amiot, directrice artistique de la structure.
Pouvez-vous nous présenter Madriam ?
Madriam est une agence d’événementiel créée en 2009. Elle propose d’animer fêtes et évènements avec une musique adaptée aux sociétés. C’est un projet culturel, artistique, transposé dans les entreprises, là où l’on n’attend pas forcément la culture.
Une entreprise peut, par exemple, nous donner un cahier des charges et nous le transposons en architecture de projet pour apporter des solutions innovantes, des créations artistiques, le temps d’une journée, d’une conférence… La culture a toujours eu une fonction sociale et citoyenne.
Nous nous proposons de repenser cette fonction au XXIe siècle.
Quelle expérience avez-vous eue avec le handicap ?
C’est une longue histoire. Dans mon parcours de musicienne, le handicap m’a ouvert de nouvelles trajectoires. J’étais une musicienne complètement normée, je sortais des conservatoires avec un apprentissage classique. En rencontrant les musiciens des Percussions de Treffort (lire par ailleurs), formation composée de musiciens handicapés et valides que j’ai rejoint en tant que saxophoniste, j’ai appris l’importance de la singularité. J’ai également compris que la poésie et l’art naissent d’un langage commun que l’on créé. Cette rencontre a replacé dans mon enseignement la notion de créativité.
Quels types d’actions et d’interventions proposez-vous pour sensibiliser les entreprises au handicap ?
Nous proposons, par exemple, un « concert conférence ». Nous sommes ainsi intervenus lors de la précédente Semaine pour l’emploi des personnes handicapées auprès de l’entreprise Sanofi Pasteur à Lyon. Un concert des Percussions de Treffort a d’abord été proposé en début de semaine. Celui-ciinvitait l’ensemble des salariés à participer à un événement, d’abord sans parole, sans discours. Après 10 minutes de concert, les spectateurs ne voyaient plus en face d’eux des personnes en situation de handicap. Au bout d’un certain temps, ils ont réussi à s’évader, à rentrer dans la poésie. Ils ne cherchaient plus à savoir quel musicien était atteint de tel handicap. Ce concert a été suivi par le témoignage du directeur artistique de cette formation, Alain Coudart et les spectateurs ont pu poser des questions aux percussionnistes. Je suis également intervenue en évoquant le lien entre la
culture et l’entreprise.
Quel est votre objectif lors de ce genre d’interventions ?
Au cours de ces interventions, nous essayons de toucher le public, de le faire rire, de dédramatiser le handicap tout en restant proche de lui. Je pense qu’il est important de laisser cheminer inconsciemment les gens. De manière individuelle, chacun doit avoir le temps de la réflexion, de la transformation, de l’adaptation.
Nous proposons également des journées ou demi-journées de sensibilisation. Le but est toujours de rencontrer les personnes en situation de handicap et d’agir avec elles. Il y a encore beaucoup de méconnaissance sur les personnes en situation de handicap, beaucoup de peur. Durant cette journée, après un concert, des ateliers sont proposés dans trois domaines, toujours avec une approche musicale : la voix, le théâtre et la percussion. Dans ces ateliers des personnes en situation de handicap, issues de la formation Les Percussions de Treffort, et des salariés de l’entreprise sont mélangés. Au bout de deux heures, ils sont capables d’improviser une pièce écrite. À ce stade là, les participants ont déjà dépassé beaucoup de préjugés. L’objectif de cette journée est que les salariés prennent conscience qu’il est possible de construire quelque chose ensemble. La diversité amène des
possibilités de créations qui sont singulières et innovantes.
Enfin, nous mettons aussi en place des « Cafés créa ». Durant ces interventions, les salariés planchent sur une problématique de l’entreprise liée au handicap et tentent en 1 h, par des processus créatifs, de trouver des solutions.
Selon vous, qu’apporte la musique dans ce type de sensibilisation ?
La musique apporte un autre niveau de dialogue. Elle se différencie des discours habituels car elle touche la sensibilité de la personne. C’est quelque chose qui nous dépasse. Cette méthode permet de montrer le savoir-faire d’une manière différente et de présenter les compétences de la personne en situation de handicap. Il n’est pas nécessaire de connaitre la mélodie jouée pour savoir que l’on se trouve devant un musicien de qualité.
Pratique
En savoir plus sur www.madriam.com
Les percussions de Treffort
Fondées en 1979 par Alain Goudard, Les Percussions de Treffort sont composées de 18 musiciens valides et en situation de handicap, issus de l’Ésat (établissement et service d’aide par le travail) de Treffort. Résonance Contemporaine, structure de création et de diffusion de la musique contemporaine, et Les Percussions de Treffort ont signé une convention avec l’Ésat de Treffort en 2006. Cette convention permet aux musiciens issus de l’Ésat d’être reconnus et rémunérés.