Thomas Gigant, 34 ans, est conducteur de ligne trains de voyageurs SNCF, et formateur au centre de production de formations traction de Blainville. Il nous raconte son évolution professionnelle à la suite d’un grave accident qui nécessite un suivi de rééducation.
Pouvez-vous nous présenter votre parcours professionnel et votre poste actuel ?
Après avoir travaillé quelques mois comme convoyeur de fonds, je suis entré chez SNCF pour devenir conducteur de ligne trains de voyageurs en décembre 2000. J’ai suivi une formation spécifique en interne pendant un an avant d’intégrer ce poste.
Depuis 2012, je suis formateur au centre de production de formations traction de Blainville. Ma mission consiste à former les nouveaux conducteurs de trains SNCF, notamment à travers des cours en salle et des simulations de conduite sur simulateur. Je forme des groupes de 13 à 14 agents, sur des périodes qui vont de 5 mois à un an.
Parlez-nous de votre handicap.
J’ai eu un grave accident de moto en août 2010. J’ai gardé d’importantes séquelles et subi une amputation fémorale de la jambe gauche. Je pourrais continuer à conduire des trains, mais cela implique de monter régulièrement en cabine, ce qui est devenu très compliqué. C’est pourquoi j’ai décidé de m’orienter vers la formation après mon accident. Cela me permet de continuer à travailler dans le domaine qui me plaît et de mettre à profit mon expérience de conducteur.
Comment s’est passée la transition, de la rééducation au travail, et d’un poste à l’autre ?
Pendant l’arrêt de travail qui a suivi mon accident, j’ai gardé des contacts permanents avec les assistants sociaux de SNCF, afin de préparer et d’anticiper au mieux mon retour. Lorsque j’étais prêt à reprendre le travail, j’ai été contacté par le centre de formation de Blainville, qui m’a informé d’une opportunité d’emploi pouvant me correspondre, avec une possibilité d’aménagements d’horaires. Ils recherchaient un conducteur expérimenté pour devenir formateur. J’ai donc accepté et repris le travail à mi-temps thérapeutique, tout en poursuivant en parallèle ma rééducation – qui a duré deux ans. Tout s’est très bien passé, aussi bien sur le plan de l’adaptation que de l’intégration. J’ai pu reprendre le travail à mon rythme, sans pression.
Par ailleurs, j’ai pu bénéficier d’une aide financière pour pouvoir obtenir une prothèse de jambe performante et ainsi améliorer considérablement mes conditions de travail (meilleure mobilité, accès aux différentes catégories de trains…). Cette aide m’a été accordée sur la base d’un dossier argumenté, dans le cadre d’un accord tripartite avec le groupe SNCF, la mission handicap SNCF et la caisse de prévoyance SNCF.
Comment voyez-vous les choses aujourd’hui ?
Après mon accident les choses se sont bien enchaînées, car je savais, dès le début, que j’aurais toujours un emploi. Le fait d’avoir ensuite un projet dans le domaine de la formation, tout en restant dans la conduite de trains, c’était encore mieux, et cela m’a beaucoup motivé et beaucoup aidé lorsque j’ai dû faire de gros efforts en rééducation et en démarches administratives.
« Thomas a investi pleinement le métier de formateur »
Samuel Bal, 35 ans, responsable du centre de production de formations traction de Blainville.
Thomas Gigant a d’abord été accueilli par mon prédécesseur, qui a initié la démarche de recrutement. Mon rôle a été de l’accompagner dans la réalisation de son projet professionnel, sur le plan de la formation, de la rééducation, des aides techniques, et dans sa réhabilitation à la conduite. Ce dernier point a été assez complexe en raison des contraintes règlementaires existantes, d’où l’importance d’une bonne anticipation avec tous les acteurs concernés (mission handicap SNCF, médecine du travail, autorité française de sécurité ferroviaire…).
Ce que je trouve vraiment intéressant à retenir dans le parcours de Thomas, c’est qu’il n’a jamais joué sur son handicap pour obtenir un traitement de faveur. Il a investi pleinement le métier de formateur sans passer par des chemins détournés. Au quotidien, il n’y a strictement aucune différence entre lui et un formateur en pleine possession de ses moyens. Il est au meilleur niveau. Il n’a jamais choisi le chemin de la facilité et il est parvenu à l’arrivée.
Pour en savoir plus sur les recrutements de SNCF : www.emploi.sncf.com
Photo : Thomas Gigant, installé au poste du simulateur de conduite « SIMBASE » du Centre de formation traction de Blainville, avec Samuel Bal.