« Je ne m’engage que ce sur quoi je suis sûr de pouvoir tenir mes promesses ». En période de crise financière, le candidat PS ne prévoit pas une augmentation de l’Allocation pour Adulte Handicapé. Mais il promet de mettre le handicap au cœur de ses préoccupations.
Quel regard portez-vous aujourd’hui sur la situation des personnes handicapées en France ?
Je trouve que l’on gère encore la politique du handicap de manière paternaliste, alors que nous devrions changer de regard et comprendre que les personnes handicapées ne sont pas une catégorie de personnes, mais des citoyens qui doivent pouvoir vivre dans la société en étant pleinement eux-mêmes. C’est à la société de s’adapter à toutes les personnes qu’elle accueille, et non l’inverse. La loi de 2005 constituait un pas dans ce sens en consacrant de nouveaux droits : l’accessibilité universelle, la compensation du handicap, la scolarisation de chaque enfant. Dans son application, toutefois, il reste encore beaucoup à faire. L’objectif doit être l’inclusion des personnes handicapées.
Comment se traduirait votre politique handicap ?
Je pense tout d’abord que le handicap doit constituer une grille de lecture de toutes les politiques publiques, au même titre que le développement durable ou l’égalité femmes/hommes. C’est la raison pour laquelle je me suis engagé dans mon projet à ce que chaque loi comporte un volet sur le handicap. Ensuite, il faut faire davantage en matière d’éducation et de scolarisation des enfants en situation de handicap. Le statut actuel des auxiliaires de vie scolaire (AVS) fragilise des professionnels eux-mêmes en charge de personnes ayant besoin de soutien. Cela doit évoluer. Parmi les 60 000 postes supplémentaires que je me suis engagé à créer dans l’éducation nationale, une partie sera affectée à l’accueil et à l’accompagnement des élèves handicapés, avec des enseignants mieux formés et des AVS bénéficiant d’un statut plus stable. Enfin, nous devons agir au sein des entreprises, en renforçant les sanctions à destination de celles qui ne respectent pas l’obligation des 6 %.
Quelle est votre proposition forte pour favoriser l’emploi des personnes handicapées, particulièrement touchées pour le chômage ?
Il n’existe pas de solution miracle. Plus qu’une proposition, c’est une politique d’ensemble qu’il faut mener : changer de regard sur le handicap en faisant le lien avec l’ensemble des politiques publiques, ne faire aucune concession avec les entreprises qui ne respectent pas leurs obligations, donner l’habitude à tous de vivre avec des enfants en situation de handicap dans leur entourage dès l’école. L’objectif est, à terme, que le handicap d’une personne ne soit pas un
critère de choix pour le recruteur, et que seules comptent les compétences de la personne qui se présente à un entretien d’embauche. Il faut également accompagner les entreprises qui cherchent à embaucher des travailleurs handicapés mais qui ont des difficultés à trouver des profils adaptés à leurs besoins. Aujourd’hui, il n’y a que 0,4 % d’étudiants handicapés, et les entreprises ont de plus en plus besoin de personnes qualifiées. On ne peut pas parvenir à 6 % de travailleurs handicapés en en restant là. Par ailleurs, favoriser l’emploi suppose d’améliorer l’accès à la formation des personnes handicapées, et ce dès l’école primaire. Il faut ensuite qu’au collège, les enfants handicapés qui ont la possibilité d’aller jusqu’au Bac et au-delà soient soutenus et accompagnés.
Le projet du Parti Socialiste prévoit de durcir « les sanctions en cas de non-respect par les entreprises et les collectivités de l’obligation d’employer 6 % de salariés en situation de handicap. » Concrètement comment cela se traduirait ?
Plusieurs dispositifs sont envisageables. Il faut à la fois sanctionner les employeurs qui ne veulent pas embaucher de personnes handicapées et reconnaître l’engagement de ceux qui, sans atteindre le seuil de 6 %, sont impliqués dans un processus positif. Nous étudierons les modalités pratiques que doit prendre le durcissement des sanctions, l’objectif est bien celui-là.
Quand est-il de l’augmentation progressive de l’Allocation pour Adultes Handicapés ?
Je ne reprends pas cette mesure dans mon projet, car je l’ai dit : je ne m’engage que ce sur quoi je suis sûr de pouvoir tenir mes promesses. Or, l’état des finances publiques ne permet pas de s’engager dans cette voie actuellement. L’évolution du montant de l’AAH doit par ailleurs s’inscrire dans le cadre d’une réflexion plus large sur les minima sociaux dans leur ensemble, pour les mettre en cohérence entre eux.
Vous avez annoncé que si vous êtes élu, votre première initiativeen matière de handicap serait la création d’un « Haut Commissariat au handicap ». Quel serait son rôle ?
Avant de former un gouvernement, de décider des périmètres des futurs ministères, de la création de Hauts commissariats et de leurs missions, il faut déjà gagner l’élection présidentielle ! Chaque étape après l’autre. Ce dont vous pouvez être certain, c’est que le handicap sera au coeur de mes préoccupations.